Bulletin de novembre-décembre 2024

Un jour l’abeille dit au monde : — Bâtissez votre monde sans rien souiller ni fermer. Vous êtes ici chez vous. Vous êtes aussi chez nous. Et le vent partout est chez lui aussi. Vos traces sont si faciles à suivre, vous n’échapperez pas à notre présence. Nous traverserons votre existence comme bon nous semble de toute façon… et la première fougère percera vos goudrons une semaine après votre disparition.

Bulletin de septembre-octobre 2024

Tentative pour la rentrée : se laisser aller au jardin, liquider le raffut des mots et des machines, se souvenir du vent et du mouvement des eaux, de la terre, du soleil. Un temps revenir au monde, à la sensation… Rire avec les arbres !  Et penser avec Martin Luther King : « Si l'on m'apprenait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier. »

Bulletin de juillet-août 2024

L’époque est glissante, piquante, décevante ?  Eteins ton écran ! Le monde est boiteux, teigneux, loqueteux ?  Eteins ton écran ! Les gens s’indiffèrent, vocifèrent, finissent à l’envers ?  Eteins ton écran ! Toi-même tu bancales, tu brinquebales, tu dévales ?  Allume tes yeux, ta peau, ton sang, tes pensées, ton désir !

Bulletin de mai-juin 2024

— Allô, allô, ici la vraie vie au téléphone ! Pas la peine de t’imaginer des trucs pas possibles, hein, de te raconter toutes ces histoires. Non, il faut vivre avec son temps, revenir dans la toile ; tu n’as qu’à faire une recherche sur lavéritétoutattachéepointcom et on te dira comment rêver… Et sans supplément, cadeau, tu peux télécharger notre application "Jechoisistesrêves" ! Alors ?…

Bulletin de mars-avril 2024

Un jour, en lançant une recherche Recette de pâte à crêpes, la machine m’a répondu : — Tu es sûre de toi ? Les crêpes, ça fait grossir ! J’ai eu comme un vertige. Je suis sortie de la maison et des réseaux,  je voulais souffler, regarder le temps passer doucement, laisser aller ma tête dans les paysages. 

Bulletin de novembre-décembre 2023

Dans le bus, je suis assis en face d’une personne qui ne répond pas à mon salut. Aimantée à son écran, tirée par les yeux, la voilà qui s’arrache à la vie et plonge toute entière en son appareil ; d’abord la figure et les pensées, le corps ensuite, toute sa personne disparait, comme engloutie. Le téléphone tombe alors sur le siège vide. Le chauffeur me fait un signe, c’est mon arrêt, je dis au revoir…

Bulletin de mai-juin 2023

« Je ne me sens pas différent de quand j’étais jeune » écrivait Bukowski à la fin de sa vie. Et si l’esprit vagabondait chaque jour un peu davantage, instinctive compensation du déclin du corps ? Si, en s’éloignant de la naissance, nous rêvions de partir en feu, bouquet final !? Si l’envie, la joie, la colère et la tolérance, l’enchantement, tout ce qui nous anime, trouvaient un passage vers demain, une porte sur l’inattendu ?