C’est l’été
le soleil est invité
on y danse on y danse
des lumières s’allument
ici on tombe et se relève : applaudissements !
là-bas on coule…
(je voudrais comprendre)
« Je ne me sens pas différent de quand j’étais jeune » écrivait Bukowski à la fin de sa vie.
Et si l’esprit vagabondait chaque jour un peu davantage, instinctive compensation du déclin du corps ?
Si, en s’éloignant de la naissance, nous rêvions de partir en feu, bouquet final !?
Si l’envie, la joie, la colère et la tolérance, l’enchantement, tout ce qui nous anime, trouvaient un passage vers demain, une porte sur l’inattendu ?
Ici le maire refuse l’affichage du titre d’une lecture de poèmes de Bukowski ("File dans ta tombe sans faire de saletés") et là une édile juge trop subversive notre lecture "Poésie de combat en treize rounds" et la déprogramme… Holà chers élus, détendez-vous…
Vivre jusqu’en 2023…
Et s’inventer l’ordinaire
imaginer le monde
fabriquer une étincelle
une explosion
un jaillissement
la renaissance, la flamboyance
enfin l’enfance
et le printemps des sens !
C’était ça ou faire un an de plus…
— Allume le projecteur !
— Peux pas, y a plus d’électricité.
— Faudrait faire du feu, alors ?
— Faudrait d'abord que les mots nous éclairent…
Les temps changent : vanitocène, cupidocène, crétinocène, suicidocène, obcènocène… Nous vivons une époque formidable, non ?
Bon, le mot ANTHROPOCENE est valide au Scrabble, c’est déjà ça…
Dans nos existences de fin d’été
il y a des soleils inflammables et des pluies oubliées
des bombardements entre voisins
il y a le manque au fond des poches
l’abondance kidnappée
la question inépuisable du sens…
Et nous, des Indiens dans le système,
chercherons par où nos chants, nos danses, nos palabres,
cisailleront peu à peu dans la bête.
Allez, ouvrez-moi ce théâtre ! Bataille, bataille !
Emportés par les vagues de chaleur (entrecoupées par quelques pluies torrentielles), les congés payés et la nécessité de « l’ailleurs », nous nous apprêtons aux transhumances estivales, trainant après nous des valises d’être et de faire, imprimant des cartes sous les paupières, nous jetant à l’assaut des paysages… Et si aucun d’entre nous n’en revenait ? Et si nous organisions (ou pas) la vie à la manière d’un voyage, affutant l’espoir des rencontres nomades, si le temps devenait spirale ?
Pendant que le monde court après sa queue, tourne en rond jusqu’à la soif et l’épuisement, alors que le printemps résiste aux imprimantes, qu’un écureuil s’est posé sur mon cerveau, j’écris sans compter, sans savoir, sans plainte, une pièce qui s’appellera Ça s’peut pas, au sujet des dommages causés par les écrans sachant…
Sur ce, un sourire traverse ma fenêtre.
Derrière la vitre, bourdonnantes, nous sommes celles qui nous indignons,
Qui refusons la barbarie, le malheur des camarades humains.
Nos poings et nos cris racontent notre dépit et cognent cognent
Sur la vitre, de ce côté du monde.
Mais de l’autre côté, d’autres hommes tombent,
En s’étonnant du silence et de l’impuissance des mouches derrière la vitre
Bourdonnantes et indignées.
Si quelque chose touche à sa fin
tombé du sommeil d’un géant
si quelque chose nous traverse nous étreint
sur la pointe des volcans
si c’est maintenant
si c’est inattendu
si d’aventure
quelque chose qui s’invente
quelque chose qui advient…
En 2022, faites des miracles ?