De la joyeuse et poétique Ruée d’avril
à la goulue Ruée de mai (#8, hors les murs) !

Ce 3 avril, au (petit) théâtre de la Cavalerie, nous avons tenté, avec vous, spectateurs-lecteurs, et avec une indécente ferveur, oui, d’arracher la joie aux jours qui filent, faisant nôtre le vers de Maïakovski. (cf notre annonce de la Ruée #7)

Photo Céline Liger
Souvenir de la Ruée dans les box #7…

Nous étions une vingtaine, venus chacun avec nos textes, nos bouteilles, notre petit trac et notre grand désir de partager avec tous, ces mots-qui-nous-font-tenir-debout, nos modestes paratonnerres personnels contre ces ombres qui, nous rabâche-t-on, menacent chaque jour un peu plus nos têtes. Et ils résonnèrent fort, ces mots choisis, accompagnés en musique le temps d’une soirée, dans ce (petit) théâtre de la Cavalerie, ces textes debout, exigeants, authentiques, ces coups de gueule, ces cris de langue si réjouissants !

Car nous vous avions conviés à une insurrection poétique. Une expression audacieuse, apparemment. Car à l’heure où j’écris ces lignes, j’apprends qu’un certain théâtre-dont-je-reconnais-la-grande-qualité-et-diversité-de-la-programmation-culturelle se voit qualifié d’élitiste, et ses spectateurs de bobos (traduisez : appréciant les écritures vivantes). Exit donc les subventions municipales. J’en reste bouche bée !

Et alors me revient en mémoire un extrait de ces Sermons joyeux de Jean-Pierre Siméon que nous avons donnés, en première partie de cette soirée du 3 avril, avec le musicien Bernard Cheze (que je remercie en rythme) :

Oui ça va mal
oui les temps sont critiques
et de tous les malheurs qui grognent à nos mollets
de tous les abandons qui nous vident le cœur
de toutes les défaites qui nous brisent la nuque
l’enfermement où dans ces heures poisseuses
on tient désormais la langue notre langue
la langue commune la langue partagée populaire
celle-là l’improbable la sauvage la douce
qui dit la bonté de l’instant
et la chiennerie des jours
cet enfermement-là
qui n’apparaît pas
qu’on ne sent pas
qui ne s’avoue pas
de tous nos malheurs pourrait être le pire.

Eh bien ce soir là, la langue partagée était libre, et elle a dit la bonté de l’instant, oui.
Sous des formes différentes, avec exigence et émotion, avec maladresse parfois bien sûr, mais toujours avec une audace joyeuse, et surtout, avec ce qui résume l’esprit des spectateurs de la Cavalerie : le sourire, la générosité et la curiosité.
A tous et à chacun(e), pour cela, un grand merci.

Céline Liger

 

Photo et graphisme ©  Timor Rocks !Et pour garder l’appétit de la langue, et notre insurrection vive, rendez-vous pour la prochaine Ruée dans les box (hors les murs, au Théâtre Brétigny) le 22 mai. Venez partager avec nous la dernière représentation de Mange ! de François Chaffin : vous êtes nos invités !

Voir l’événement pour les détails pratiques…