Un défi spatio-temporel aux lois de la gravité…
Au menu de cette Variation #5 : la séquence L’esprit d’escalier, réalisée par Ernesto Timor sans personne d’autre que lui-même, pour faire écho actuel et sincère à la création tokyoïte. C’est de cela que ça parle, comment être ici et maintenant, sans oublier d’être ailleurs, attention à la marche… !
Laissez-vous embarquer dans ce grand mix expérimental…
(en montant le son et en HD de préférence !)
Entretiens avec la mer, encore. La plupart des camarades de la troupe, Menteurs et compagnie, brûlent leur mois d’août 2014 à Tokyo, à bâtir une version japonaise du spectacle, sous les auspices du puissant et bienveillant Kaze (première le 20 août). Il m’en parvient des bribes d’excitation et d’épuisement, saké et adrénaline mixés bien fort, une poignée d’images téléphonées dans une langue étrangère.
Je me retrouve dans un nouveau face à face avec ce texte. Aucune création sonore sur mesure ne traversera la planète pour venir épouser mes images cette fois, à moi de fouiller dans le chûtier jusqu’à dénicher quelques minutes de brouhaha polyphonique qui fassent sens et rythme. Je ne vais inviter personne à jouer dans cette cinquième Variation, personne d’autre que moi, dans mon propre rôle. Celui qui n’est pas là, et qui a parfois du mal à être ici. Par en haut par en bas, deux pas sur le côté, un saut en arrière, cahin-caha de l’avant, hi yo, c’est l’écho.
Cela fait bien dix ans que François attend que je mette enfin à l’affiche d’un de ses spectacles une face macabre, mais j’ai toujours fait un peu autrement (même si cette fois c’est limite, le micro vintage qui se dandine sur l’affiche s’appelle tête de mort, pour les initiés). Mais dans ce film photographique je rends les armes, c’est sur la nudité ultime d’un squelette que ça démarre ! Une vanité telle que j’en ai connues dans la solitude des salles de classe.
Puis, hop hop, on sort vivre un peu. Pas à pas, sur ces volées de marches et montées ici omniprésentes (Croix Rousse, Lyon, France), en limitant mon errance aux itinéraires qui ont fait chavirer mes jours et mes nuits ici et maintenant, ou avant-hier. Un concentré de vie revisité en esprit d’escalier… Il y a des perspectives vertigineuses, fleuve et rivière, carrés de ciel, toutes beautés essentielles, je vous assure. Mais le cadre s’attache au sol, géométries foutraques de ciment et pierre, et leurs cohortes de scories urbaines. Avec dans les oreilles cette phrase particulière du texte qui s’entortille en boucles magnétiques : « Parfois, j’aimerais penser que vivre n’entrainera pas nécessairement toute une série d’effets secondaires. Pas vous ? »
Et pour finir : campaï !
Ernesto Timor
Rappel des épisodes précédents…
D’un côté Entretiens avec la mer, texte chaudement sorti des forges de son auteur François Chaffin ; de l’autre des séquences photographiques signées Ernesto Timor. Cela donne ces Black Variations, quelque chose de noir c’est sûr, de parfois indécent aussi, d’incandescent on l’espère… Suite au succès rencontré par la Variation #1, nous avons décidé que d’autres épisodes suivraient à un rythme soutenu, donnant d’autres échos mystérieux et osés à ce texte, avec pour nouvelle ambition de servir également d’anticipations alléchantes de cette création… Une demi-douzaine est programmée, à un rythme quasi-mensuel, jusqu’aux dates françaises de création du spectacle…