Récolte de paroles, groupe d’adultes, Maison de quartier de la Hétraie, Limeil-Brévannes, 5 mars 2020
Texte offert par les paroles de Hassina, Déshiré, Fanta, Hatouma, Fanta-Diane, Nelson
— Moi, quand je suis seule, je me sens en dehors du monde… Alors je lis le Coran pour combler ce vide. Cette solitude me fait un peu peur parfois, mais la prière me rend la joie. Je fais mes ablutions, et ma tristesse s’envole !
— Moi mon corps est seul, mais jamais mon esprit ; je parle à tous ceux que je rencontre, même s’ils n’existent pas…
— Ma solitude à moi, c’est quand je m’inquiète pour mes enfants : une fois que je serai partie, que vont-ils devenir ? Alors pour chasser ces idées noires, je vais dans ma cuisine pour préparer un poisson capitaine avec de la soupe…
— Quand je suis seule, la tristesse m’envahit ; je réfléchis, je réfléchis, je réfléchis… Je me connecte en pensée à toute ma famille, je parle aux miens et ensemble, nous chassons toute tristesse…
— Je suis chez moi, dans ma maison… Quelquefois je pense à la mort, au pays de l’au-delà, et brusquement je tourne cette page de mes pensées, j’écris et je lis, je fais de la cuisine, et hop, je me remets en route !
Un jour ?
Un jour le monde a fait marche arrière, une marche arrière de cent ans au moins ! En ce temps là, l’humanité était la vraie richesse, oui, on troquait de l’oignon pour du lait, et nos sourires étaient gratuits et bienveillants…
Un jour, la parole juste et la générosité ont habité la bouche des hommes et des femmes de ce monde…
Un jour, tout le monde, mais vraiment tout le monde, a chanté et dansé, et tous les gens se sont tenus proches les uns des autres ; plus personne ne se manquait de respect…
Un jour, les frontières sur terre se sont volatilisées, et les hommes se sont retrouvés, chacun apportant quelque chose pour le grand banquet, et les mamas ont alors préparé avec cœur un repas de partage…
Un jour, la gentillesse s’est répandue partout sur le monde. Comme la lumière, la bonté était partout. C’était… waou ! Nous disions oui à tout !
Le soleil et les étoiles se sont mis à briller très fort ; tous les astres sont tombés d’accord ! Et les hommes n’étaient plus que deux et tout recommençait en ce nouveau jardin d’Eden…
Quelles que soient leurs origines, il n’y avait sur terre plus que des frères et des sœurs, un vent de gentillesse soufflait sur l’esprit de l’humanité…
Un parfums de fleur et de parents traversait l’air ambiant, des arbres avaient poussé à la place des villes, tout était propre ; enfin nous allions respirer…
On entendait les oiseaux, des corneilles d’Haïti, qui chantaient l’amour en chœur avec le coq qui nous sortait du matin en criant : « Il fait jour, braves gens, éveillez vous ! »
Et revenant au monde, nous avions le goût de la douceur et faim de vivre… la solitude avait disparu…