Contribution de Marine via le Décaméron
Nous n’avions pas anticipé de se retrouver coincés à l’autre bout du pays ensemble, alors qu’on ne se connaissait pas. Guillaume, le pianiste venu pour un concert finalement annulé, Bertrand, le cuisinier venu rendre visite à un producteur et moi, en vacances. Tous les trois dans ce même hôtel.
Nous aurions pu continuer à vivre nos vies de notre côté, mais le fait d’être les seuls de moins de 30 ans dans la salle à manger de l’hôtel, ce soir-là, nous força à établir un contact.
Très vite, je fus heureuse de les avoir trouvés. Guillaume nous faisait mourir de rire à longueur de journée, Bertrand nous empêchait de mourir de faim et moi, le médecin de la bande, je les empêchais de mourir tout court, ou du moins c’est ce qu’ils croyaient, et cela les rassurait.
Je n’oublierai jamais ces semaines hors du temps à parler de nos rêves et de nos peurs, entre inconnus.
Nous nous sommes promis, lors de la libération, de nous revoir régulièrement.
Nous ne l’avons jamais fait.
Et peut-être est-ce la raison pour laquelle ce souvenir est si beau.