Pif-Pif, Paf-Paf et Pouf-Pouf

Contribution d’Anne-Laure via le Décaméron

Une vieille ferme, dans un village reculé du nord-ouest de la France. Les gros titres du quotidien sont formels, le loup est de retour. Des années qu’on pensait que ces bêtes n’existaient plus. Dans les histoires pour les mioches passent encore mais en vrai, de mémoire de vieux paysan, on ne s’en souvient plus.
Pif-Pif, Paf-Paf et Pouf-Pouf étaient trois frères et sœur de ce village. Paf-paf, qui était le plus écolo des trois avait construit une yourte en bois avec des toilettes sèches et une salle de bain à récupération d’eau de pluie. Pouf-Pouf, la sœur, habitait au camping municipal car avec son salaire d’infirmière, elle ne pouvait se payer qu’une tente igloo heureusement à trois chambres et avec un auvent. Pouf-Pouf espérait cette situation précaire transitoire, même si pour le moment elle était plutôt suppositoire.
Pif-pif avait du nez. Il avait investi dans de la pierre et il avait pu acheter une belle et solide maison d’architecte. Beaucoup de gens enviaient Pif-Pif dans le village.

A l’annonce du retour du loup, Pif-Pif, Paf-Paf et Pouf-Pouf ne se sont pas sentis très sereins. Paf-Paf avait aperçu des traces griffes sur quelques planches de son logis et il avait plusieurs fois dû réparer des bouts de façade. Pouf-Pouf savait que son logis de toile ne serait pas vraiment fiable en cas d’attaque. Elle dormait à demi-poings fermés la nuit et travaillait le jour. Pif-Pif avait fait installer un nouveau système de caméras autour de son domaine et il pouvait suivre chaque parcelle de son jardin depuis son canapé.

Les semaines passèrent et les frères et sœur s’envoyaient quelques textos pour savoir si tout allait bien. Ils avaient construit chacun leur vie, acceptant maladroitement les inégalités de leur destinée. Le prix de leurs idées. Les jours passèrent, Pouf-Pouf soignait chaque jour les blessés qui arrivaient en grand nombre, Paf-Paf continuait de rafistoler et pif-Pif sortait de moins en moins souvent. Ils échangeaient le soir sur les réseaux sociaux pour vérifier qu’ils étaient en sécurité. Chacun dans leur coin, ils essayaient de ne pas désespérer. Ils écoutaient chacun de leur côté, les chaines d’info et les actualités. Quand Pif-Pif eut l’idée de les inviter à se confiner, dans sa grande demeure, à trois, ils pourraient résister. Ils étaient ensemble contre l’adversité.

 

Merci à la cie Superlune qui a relayé cette consigne pour le final de son Décaméron et à toutes celles et tous ceux qui ont répondu à l’appel !