À l’intérieur, il n’y avait plus personne

Contribution de Diane via le Décaméron

Ils étaient seuls, isolés par leur égoïsme, ne pensant qu’à eux. Ils étaient seuls mais ne s’en rendaient pas compte, trop accaparés par leur téléphone, leurs messages et leur nombre d’abonnés. Ils étaient seuls et, au fond, les gens étaient tristes pour eux. Ils ne comprenaient pas ce qu’était la vie, sa valeur, la valeur des autres. Tout ce qu’ils voyaient tournait autour d’eux, ils étaient le soleil de leur monde.
Et puis, un jour, la maladie est arrivée. Tout d’abord, ils ne l’ont pas vue, ils ne pouvaient pas, ils ne voyaient qu’eux. Ensuite, ils se sont voilé les yeux, ils ne voulaient pas voir. Malgré tout, il a bien fallu qu’ils voient, au bout d’un moment, ce qu’il se passait. Et ils ont eu peur, très peur. Si peur que leur monde s’est écroulé, leur soleil éteint. Mais ils ne pensaient toujours qu’à eux, parce que c’était comme ça qu’ils avaient toujours pensé. Si bien que, lorsque la maladie s’est amplifiée, ils n’avaient peur que pour eux. Et ceux qui étaient tristes pour eux les ont détestés. Leur égoïsme dépassait des limites jamais franchies.
Après la maladie, leur monde s’est reconstruit, progressivement. Mais à l’intérieur, il n’y avait plus personne. Ils ont réfléchi. Longtemps. Leur raisonnement étant basé sur le fait qu’ils étaient supérieurs, ils ne comprenaient pas. C’est venu tout doucement, comme le jour après la nuit. Mais la nuit avait duré tant d’années que le jour mis du temps à se lever dans leur esprit. Le changement était progressif. Peu à peu, ils allaient vers les autres, aidaient un peu plus, souriaient à d’autres qu’à eux-mêmes… Mais plus personne ne voulait d’eux ! Alors ils firent plus d’efforts, tentèrent de se faire des amis. On constata leur changement. On s’en étonna. Mais on ne vint pas vers eux. Ils furent tristes, et se rendirent compte de ce qu’ils avaient fait. Ils présentèrent leurs excuses, et certaines personnes les acceptèrent. On ne les évitait plus, on leur souriait… Un an est passé, puis deux. Au bout de trois, tous avaient pris conscience de la valeur de la vie, et des autres. Alors chacun se dit « Chacun vivait dans son coin, et puis quelque chose est arrivé… Nous étions ensemble ! » Et chacun trouva cela merveilleux. On organisa une grande fête, où tous furent conviés. Et ce fut la plus belle fête qu’on ait jamais vue, parce que le bonheur se contente de choses simples et de partage…

 

Merci à la cie Superlune qui a relayé cette consigne pour le final de son Décaméron et à toutes celles et tous ceux qui ont répondu à l’appel !