Ben oui, sinon à quoi bon !

Contribution d’Éric, Arpajon

On vivait chacun dans son coin et puis quelque chose est arrivé, nous étions ensemble, enfin presque, et justement, là, tout de suite, maintenant, faudrait peut-être y réfléchir, tous ensemble, pour de vrai et se poser la vraie question que nous avions tous en tête sans jamais oser à le dire à tout le monde. Alors je la pose, moi, ahahahah, non mais sans blague, allez zou c’est parti !

Depuis combien de temps que tout cela dure, menace, gronde, virevolte, au-dessus, en dessous, sur les côtés, derrière, devant, en face et quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, on ne voyait rien venir. On faisait comme si de rien n’était, que l’on n’y pouvait rien, que rien n’y ferait, depuis le temps, cela se saurait !

Alors on a accepté sans vraiment se résoudre, un peu quand même, fallait bien continuer, avancer, oui bien sûr, il y avait le passé, mais trop occupé du présent, et de demain, de ce futur omniprésent, dont on ne sait rien ou si peu. Alors comme beaucoup, on la laissait en nous, la colère, à quoi bon, pour qui, pourquoi, on n’y changera rien, et puis bon fallait bien que ça change, ça ne pouvait pas rester comme ça, le monde change, hier c’était hier, on ne peut pas toujours vivre au passé !

Non, fallait penser autrement, voir la vie sous un autre angle, le monde évolue et nous apporte tellement de choses nouvelles, qui facilitent la vie, les échanges, oui, ça coûte, même cher, mais faut bien consommer, s’enrichir, découvrir, aller de l’avant, après nous le déluge, enfin, façon de parler, et puis les autres , ils font quoi les autres, comme tout le monde, sauf certains mais c’est toujours les mêmes, facile pour eux, mais nous c’est pas pareil, on ne peut pas faire grand-chose, sinon tout serait bloqué et là, on aurait l’air malin, hein, parce que si tout était bloqué on ferait quoi ?

Ha ! Alors là, personne ne dit rien, facile de dire ceci ou cela, mais là, hein oui là, ouais évidemment ce n’était pas possible, hein, qu’est ce qui pouvait bien arrivé, personne ne le voulait, ni même y pensait, sauf certains, toujours les mêmes mais les autres, peuvent pas, pourraient pas les autres parce qu’ils sont comme tout le monde, et puis voilà !

N’empêche, suis en colère, depuis ma naissance, suis sorti du ventre de ma mère le bras tendu et le poing serré, la sage-femme a dit : « Il sera révolutionnaire ! »

C’est ce qu’elle a dit la sage-femme, moi, je dirais plutôt révolté, miné par les injustices, toujours grande gueule, carrément méchant jamais content, et alors aujourd’hui, comment ça va ?

Ben oui, tout est bloqué, on est tous confinés, qui l’aurait cru ? On a souvent dit que l’argent ne fait pas le bonheur mais qu’il y contribuait pour beaucoup, alors la finance s’en est donné à cœur joie et puis il en fallait encore et toujours plus, entretenant le rêve de tous et de chacun, quitte à sacrifier des avantages , la sécu, tant qu’on est en bonne santé, on s’en fout, suis jamais malade moi monsieur, tout délocalisé pour que certains se fassent encore plus de fric sur le dos des autres, ben aujourd’hui je dis bravo, un grand bravo, ça y est on est en plein dedans, et ça pue.

Trouvez-vous normal aujourd’hui et ce depuis pas mal d’années que nos services hospitaliers soient en souffrance et en manque de presque tout ? On a les moyens de marcher sur la lune, d’autres d’aller faire un ptit tour dans l’espace, et on n’a pas les moyens de se doter d’une recherche efficace et constante ? Faut-il que ça sente la merde pour que tout le monde se sente en colère.

Oui, je sais facile de le dire, et toi qu’as-tu fais ? Pas grand-chose, c’est vrai, mais toujours en colère et fatigué de l’être, devant l’océan d’hypocrisies, de laisser faire, de la peur des autres, des « Estrangers ».

Alors aujourd’hui, comme pour demain et les autres jours, mois, années à venir, pour chanter, rire, danser, lire, se passionner, s’aimer et donc vivre, pensons à nous, à vous, aux autres, et à l’avenir se solidariser, voir et penser autrement pour vivre heureux et ne plus se cacher, ne plus se prendre pour le nombril du monde, ouais y a du boulot, mais bon je peux rêver quand même ! Et puis qui sait, quand tout ça sera fini, peut être que, demain on ne sera plus chacun dans son coin, quelque chose arrivera, un changement, on sera vraiment tous ensemble, oui, enfin oui, c’est sûr, moi j’y crois, sinon à quoi bon !