Enfin, on s’arrangeait

Contribution de Michel via le Décaméron

Il y a quelques semaines, un siècle, tout était en ordre.

Ce n’était pas parfait, et on ne se privait pas de critiquer cette société pour son inégalité et son injustice mais, pour se protéger de ces maux, chacun s’efforçait de dresser des murs autour de soi. Ça marchait plus ou moins bien, il fallait se préoccuper continuellement de les consolider ces murs qui, déjà, nous confinaient, mais enfin, on s’arrangeait et on se persuadait qu’au fond, on n’était pas les plus à plaindre. Les autres ? Au-delà de nos cercles familiers ? On espérait sincèrement qu’ils se débrouillaient. Même si on savait que pour certains, c’était dur et pour d’autres encore, impossible. Mais que faire, avec ces murs qui bouchaient la vue ?

Et puis le ciel nous est tombé sur la tête, en une seconde, derrière les murs, devant, partout.
Ça, ce n’était pas prévu.

Une fièvre brutale a saisi la fourmilière. Elle s’est affolée. Malgré l’enfermement, les fenêtres se sont ouvertes, on a couru vers les autres, en frappant des mains, on s’est parlé quand on s’ignorait jusque là. On avait besoin de voir qu’on n’était pas seuls, on avait moins peur. Et on a commencé à apprivoiser la bête.

 

Merci à la cie Superlune qui a relayé cette consigne pour le final de son Décaméron et à toutes celles et tous ceux qui ont répondu à l’appel !