Le tableau

Contribution d’Irène, Créteil

Chacun la vivait dans son coin, cette nuit inédite. Et puis quelque chose est arrivé, et nous étions ensemble, curieusement.

En petit comité, des inconnus déambulent. Pas de démarche labyrinthique parmi une foule. Rien que de l’espace et du calme.

La surprise d’un bruit mat et lourd dans ce petit musée s’était invitée. L’auteur, un lacet de chaussure longtemps ignoré.

Une jambe a perdu son équilibre. Les têtes se retournent, surprises, moqueuses. Les pas se rapprochent. On aide le corps à se relever. On se regroupe. Il y a celui par terre un peu sonné, celui agenouillé apportant son aide, celui debout ne sachant quoi faire, et un autre qui secrètement détaille ladite chaussure.

Et puis c’est arrivé, comme ça, sans origine. Nos regards déjà tournés vers le même objet. Nous étions tous face à ce tableau, un peu démunis.

Une seule œuvre devenue multiple. Nous étions là, saisis, ravis. Un beau silence.