Contribution de Dominique via le Décaméron
Au risque d’apparaître comme une affreuse sceptique, une calamiteuse défaitiste, je m’inquiète et m’interroge sur les lendemains. Chanteront-ils ?
Nous sommes ensemble aujourd’hui unis par la peur, par la mort. Est-ce que demain la vie nous jouera le mauvais tour de nous renvoyer chacun à nos coins ?
Nous voyageons tous beaucoup sur la toile et on peut y voir une unité bancale, fragile.
On y voit que l’enfermement que nous subissons n’est pas le même pour tous. C’est vrai au sein de notre pays mais aussi à l’échelle du monde. Fait encore moins bon que d’habitude d’être Africain, Philippin, Indien ou Brésilien et d’autres encore.
On y voit la détresse de ceux qui nous soignent, ceux qui nous nourrissent, chez nous et partout.
On y voit nos bagarres de gens ordinaires pour remplir son panier et des bagarres en plus grand où chaque État tire la couverture, détourne, confisque, rachète au prix fort ce qui est nécessaire à tous.
On y voit ceux, petits et grands, qui en profitent pour gonfler leurs bourses, c’est la loi du marché. Du plus petit au plus grand nous sommes pollués par « l’offre et la demande », le « pouvoir d’achat » avec en refrain les mêmes justifications, « c’est lui ou moi ».
On y entend les discours de chefs semés de vantardises et d’incohérences. On mesure leurs dépassements, flaire leurs déconfitures sous leurs masques d’autorité et d’assurance.
On y voit les colères légitimes de ceux-ci et de celles-là allumer de grands feux, promettant haut et fort des comptes qu’il faudra rendre. On attend que des têtes tombent. On peut craindre que le ton monte et donne de bonnes raisons à nos gouvernements de serrer la vis, mandater la police. Une vraie guerre.
On y voit aussi par bonheur fleurir de l’amour, de l’espoir, de l’humour comme autant d’oasis.
Mais la poésie nourrit le cœur, ne remplit pas l’assiette
Les chants réchauffent la voix mais pas le toit
Les Astérix, les Zorros, les Robins des bois.
Feront-ils le poids ?
Demain ensemble que faire et comment ?
Pour rester ensemble saurons-nous abandonner des certitudes, des habitudes ?
Pour marcher ensemble saurons-nous éviter les combats, désobéir en paix aux vilaines lois ?
Pourquoi pas ? On dit bien qu’à cœurs vaillants rien d’impossible, non ?