Contribution de Sophie, via Encrelignes, Boissy-Saint-Léger
Chacun vivait dans son coin, confortablement installé, heureux d’être là en si bonne compagnie. Les jours passaient paisiblement, tranquillement sans surprise. Les saisons se succédaient et ils devenaient de plus en plus vigoureux. L’hiver, les petits animaux venaient les voir pour trouver quelque subsistance et les hommes trouver calme et sérénité auprès d’eux. Le printemps, la vie s’éveillait et alors des promeneurs de tous âges parcouraient les sous-bois en quête des fleurs de cette belle contrée. L’été, cris, jeux, pause repas remplissaient de joie ces lieux si calmes d’ordinaire. Ils étaient heureux de leur donner sans compter ces merveilleux moments de détente, même si certains laissaient des traces de leur passage qui mettraient beaucoup de temps à s’effacer. L’automne, les connaisseurs fourrageaient sous l’humus pour dénicher des champignons qui agrémenteraient leur repas du soir.
Et quelque chose est arrivé, une terrible tempête, une véritable hécatombe. Les plus fiers, les plus énormes étaient étalés au sol côtoyant les plus jeunes tout juste sortis de terre. Les plus souples résistaient, ils étaient ensemble, branches feuillages empilés, agonisant. Les jours passaient tristement. Plus personne ne venait les voir.
Un matin, des bruits bizarres résonnaient partout faisant une drôle de conversation sonore. Ils se rapprochaient dangereusement. Des hommes arrivaient munis de tronçonneuses, de broyeuses, de transpalettes pour les dégager de cet imbroglio de branchages. Après avoir tranché, empilé, marqué tous les troncs, ils étaient prêts ces géants déchus de la forêt. Prêts à partir pour leur dernier voyage sous forme de bancs en bordure de plages, de places ou de jardins. Prêts à faire du bois de chauffage dont les flammes lumineuses égayeraient les foyers pendant les longues soirées d’hiver. Prêts à faire du bois de coffrage si utile sur différents chantiers. Prêts à offrir une nouvelle place à cette nouvelle génération conquérante. Animaux, promeneurs, connaisseurs reviendraient sur ces lieux où ils avaient vécu tant d’années.
Bonne chance notre chère descendance que votre vie soit longue. Vous êtes notre ESPÉRANCE.