Troisième opus de Trois utopies pour un désastre
Pauvres de nous, mal voyants, mal entendants, mal comprenants, mal conscients… Obligés d’être récepteurs, matin, midi et soir, tout capter, ingurgiter, tout gober.
Le monde, gigantesque émetteur, diarrhée de ses maux, publicité de ses bienfaits, tout passe dans les infos, nous assène. Journaux, radios, télévisions, Internet : la grande foire du mal dire et du mal montrer.
Dire quoi, montrer quoi ? On s’en fout, c’est l’hystérie, il faut consommer, se jeter dans l’ogre des médias. Une duperie, un système marketing, du pognon, Machiavel !
Confondre l’information et la communication, le fait et le fantasme. Faire mots, images et sons du réel, et s’il n’y a pas d’événement, produire plus de mots, d’images et de sons encore. Mentir, mentir pour faire plus vrai.
Pour que le monde nous entre par les yeux, par les oreilles, par la bouche, et jusqu’à la nausée, jusqu’à l’éclatement de nos sens.
Une avalanche d’infos, une invasion de signes, messages, témoignages. Des nouvelles, des produits, on ne sait plus. Comme un marteau qui te frappe sur la gueule pour faire entrer les clous de la civilisation. Toujours cette confusion, ce qui se vend et qui s’achète, ce qui est et ce qui se raconte…
Plutôt que de désespérer, il est nécessaire de relever les défis lancés à l’univers médiatique, et pour nous, artistes, donner matière critique à ses dysfonctionnements.
Un monde sans écho, vous imaginez, un monde qui ne se souviendrait pas de son discours, quelle catastrophe… un monde qui oublierait tout ce qu’il dit, parce que je n’arrive plus à enregistrer, ma faute, impossible de me souvenir, ma faute…