Le 21 décembre 2011, le voleur de feu fait son chaud avec et pour les détenus de la maison d’arrêt, croisant avec eux paroles issues de la Fabrique d’écriture prométhéenne et textes musicaux du spectacle…
C’était un beau pari, mais un pari risqué. Prométhée, le Robin des bois de l’Olympe, qui déroba le feu aux dieux afin que les hommes s’affranchissent et qui pour cela fut prisonnier pour l’éternité, enchaîné et le foie quotidiennement rongé ; Prométhée et son histoire lointaine ; Prométhée de nos jours pourrait-il entrer à la Maison d’Arrêt des hommes de Fleury ?
Qu’avait-il à raconter à des détenus longue peine qui pour certains n’avaient pas bien entendu parler de lui ?
Et pourrions-nous ensemble être sur scène à envisager dans les mots et la musique notre destin à la lumière du sien ?
Alors oui, il a fallu parier gros. Parier sur les neuf détenus participants qui allaient tendre une oreille bienveillante et distraite à ce projet. Parier que des gens venus de partout, parce que nous le leur demandions, déposeraient sur le site, leurs mots, leurs visions, leurs bilans de ce que l’homme avait fait du feu offert. Parier qu’ainsi nous collecterions des textes aux formes et fonds multiples, que nous en choisirions ensemble des morceaux et que nous construirions avec ce butin, incertains intuitifs que nous sommes, un panorama du jour, un point au sextant polygraphe, un graphique poétique et éclectique.
Parier qu’ensuite nous travaillerions à une mise en scène collective, que nous accueillerions une contrebasse et son musicien (Philippe Lacarrière) qui glisseraient entre nos voix et silences, parier que nous répéterions toutes les semaines pendant quatre mois dans une salle d’activité de 16 m2 du bâtiment D5 (un bâtiment non rénové et très dégradé), parier que personne ne sauterait en route, et puis surtout et enfin, parier que tout cela nous donnerait l’envie de nous donner en spectacle, de nous offrir, de nous proposer à d’autres, enfermés un peu plus loin et à qui il ferait bon raconter ce que nous aurions à raconter.
C’était un beau pari et aujourd’hui, il est presque gagné. Nous représenterons Prométhée, la Fabrique en première partie du spectacle Prométhée, poème électrique, le 21 décembre à la Maison d’Arrêt des Hommes de Fleury-Mérogis à 14h.
Si, d’ici là, le monde ne s’arrête pas de tourner, si la prison n’ouvre pas toutes ses portes, si nos cœurs à tous continuent de battre, il y a des chances alors pour que le feu devienne lumière, le temps d’un pari.
Valérie Dassonville
Pour en savoir plus sur Prométhée, poème électrique, rendez-vous sur cette page…
Pour en savoir plus sur Prométhée, une fabrique d’écriture libre (présentation du projet, intégralité des contributions reçues, et texte final de la représentation), rendez-vous sur le site de la Fabrique…