Tout n’est peut-être pas perdu

Photo et graphisme ©  Timor Rocks !
L’affiche de la lecture-spectacle Le grand vacarme.

Le Grand Vacarme, réc­its de vie et de mort durant la guerre de 14–18 vient d’obtenir (en juin 2015) le label Centenaire de la Mission Centenaire 14-18.
Partie d’une commande du Service des archives départementales de l’Essonne à Chamarande en Essonne, cette lecture musicale s’est articulée sur des documents relatant la vie des Français, qu’ils soient soldats ou non, durant la Première guerre mondiale.
Ecrites depuis les lignes arrière ou au cœur même des tranchées, ces histoires assemblées forment un corpus documentaire et sensible qui témoigne de la formidable résistance à l’horreur de la part des femmes et des hommes de ce temps, qu’ils soient combattants ou citoyens de France.

Tout n’est peut-être pas perdu est le titre du texte qui referme en douceur cette lecture. En voici un autre extrait, lettre d’un déserteur…

 

 

Extrait

Ce que l’on fait de vos enfants

Pauvre petit pantin, ô triste marionnette
L’on te donne fusil, cartouches et baïonnette
Et l’on te dit : va-t’en tuer d’autres soldats.
Quel bien triste métier ! Quel bien triste combat !
Tu t’en vas en chantant des chansons de victoire
Tu t’en vas en rêvant de galons et de gloire.
A la première étape tu réfléchis un peu
A la deuxième tu pleures, tu es malheureux
A la troisième en toi vient la colère
Et tu dis en pleurant, oui je hais la guerre.
On n’entend plus la parole, on entend le canon
Et le soir à l’appel, il manque pas mal de noms,
Puisqu’un jour voit ton tour d’être sentinelle.
Et seul aux avant-postes tu penses à la belle
Par un beau clair de lune, tu revois son portrait,
Et tu dis en pleurant, la reverrai-je ? Non jamais, jamais.
Ah tu ne chantes plus des chansons de victoire
Ah tu ne rêves plus de galons et de gloire.
Tu penses à tes vieux qui t’attendent au hameau,
Et te dis qu’une mère vaut autant qu’un drapeau.

Les enfants de la France sont morts sacrifiés,
Si tu étais de haute noblesse
De belles funérailles on ferait.
Tu serais connu de Monsieur de Prusse
Mais comme tu es fils de pauvre citoyen
Tu as le droit de crever, d’être enterré comme un chien.
Pourquoi cette injustice ?
Messieurs les juges devant les morts un peu d’égalité :
Car ma mère en naissant me fit un berceau
Et la France à 20 ans me creuse un tombeau.

Victor Emile Joseph Tontes
Né le 23 novembre 1894, classe 1914, célibataire ayant un enfant, 2 fois hospitalisé, pieds gelés, 4 blessures, beaucoup de camarades tués. Durée de séjour au front : mars 1914 au 28 août 1917 au 13e RI. Désertion le 28 août 1917, condamnation par contumace.

 


 

Le Théâtre du Menteur propose cette lecture-spectacle en tous lieux : bibliothèques, établissements scolaires, ERP, centres culturels, extérieurs, etc.
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